Cette semaine, on vous raconte comment on forme des futurs chômeurs d'élite, que nos assiettes sont empoisonnées et que gagner gros peut vous rendre très malheureux. Lisez jusqu’à la fin pour découvrir les 5 prochaines tendances folles des comportements au travail. À dans quatre minutes ! 👀
via LAURENT JOFFRIN
Faut-il vraiment croire au « gouvernement des juges » ?
Camus voyait dans Sisyphe l’image de l’absurde : ce pauvre type condamné à rouler éternellement son rocher en haut de la colline. Nicolas Sarkozy et l’ensemble de la Droite, eux, ont trouvé leur version contemporaine : l’ancien président condamné à rouler éternellement son casier judiciaire devant les tribunaux. À chaque convocation, ils redécouvrent que la justice existe, et à chaque fois, ils s’en indignent.
Le procès devient alors sa métaphysique : si les juges s’acharnent, c’est que le monde est contre lui. L’absurde, chez eux, ce n’est pas le rocher qui retombe, c’est la convocation qui revient. Camus disait qu’il fallait imaginer Sisyphe heureux. Sarkozy et la droite, eux, préfèrent s’imaginer persécutés.
Peut-être parce qu’il a compris avant tout le monde que la vraie éternité, en République, ce n’est pas l’immortalité des idées, mais la récidive des affaires. Et que son rocher, lui, n’atteindra jamais le sommet : il se brise toujours sur les marches du tribunal.
1. Toujours plus de jeunes cadres dynamiques sans emploi
La rentrée 2025 ressemble à une gueule de bois pour les jeunes diplômés : embauches en chute libre (-16 % cette année, après -19 % en 2024), salaires qui stagnent et stages qui remplacent les CDI. Aux États-Unis, le chômage des 22-27 ans diplômés dépasse désormais la moyenne nationale. Et en France, même les filières « sûres » comme la data et l’ingénierie trinquent. L’IA est évidemment accusée, mais la réalité est en fait encore plus simple : on a produit plus de cerveaux qu’on ne sait en employer. Peter Turchin parle même de « surproduction d’élites », un cocktail explosif qui finit souvent en crise politique. Bref, le diplôme vaut toujours mieux que rien, mais il ne paye plus les factures et encore moins le système de retraites.
Pour comprendre le monde de demain, vous devriez peut-être lire Footnotes.
2. Vous mettriez bien un peu de sans-plomb dans les épinards ?
Bienvenue dans le club des consommateurs involontaires. On croyait assaisonner sa salade, on parfume son système nerveux. Greenpeace vient de révéler que 36 produits de supermarché sur 56 analysés contiennent de l’hexane, ce solvant dérivé du pétrole utilisé pour extraire les huiles végétales. Huiles, laits, beurres, viandes, tout ce qu’on mange est concerné. Classé cancérigène et perturbateur endocrinien par l’Agence européenne des produits chimiques, l’hexane reste invisible sur les étiquettes, car planqué derrière le statut d’”auxiliaire technologique”. Pas con. Le journaliste Guillaume Coudray, qui publie De l’essence dans nos assiettes, compare l’affaire à l’amiante ou aux PFAS : une bombe sanitaire ignorée depuis 50 ans. Et la palme revient aux industriels, qui n’ont pas trouvé mieux que le lobbying et l’inertie pour prolonger le festin toxique. On est bien.
3. Made in China, vendu en Europe
Pendant que Washington claque 30 % de droits de douane sur tout ce qui sent le dragon rouge, Pékin réoriente tranquillement ses containers vers l’Europe. Résultat : +10 % d’importations en deux mois, avec des hausses stratosphériques sur les produits pharmaceutiques (+125 % en France) et une fast fashion qui débarque plus vite que Shein au BHV. De son côté, Bruxelles temporise avec une task force, des rapports mensuels, quelques concepts PowerPoint et la promesse de “mesures fortes”… en 2026. Du lourd. Seule exception : les taxes sur les véhicules électriques chinois, qui ont fait grimper les ventes européennes de 28 %. Comme quoi, ça peut marcher. Mais la Chine a déjà prévu le contre-coup : construire directement ses usines… en Hongrie. Pas sûr qu’on y gagne des emplois, mais au moins, Viktor Orbán aura ses bonus de fin d’année.
par Jean et Felix, de Punchie
“ Vous voyez la win ?
La belle win, bien photogénique. Le fondateur ou la fondatrice qui vient de signer un exit ou une grosse levée, coupe de champagne à la main, sourire XXL ? La sportive bras levés qui vient de gagner le tournoi de ses rêves ? L’artiste qui gagne un award et le respect de ses pairs après des années de galère ?
Et pourtant, souvent, juste après ce moment paillettes… c’est la dep. Quand Serena Williams fait un comeback de l’espace et atteint son but ultime — re-gagner Roland Garros — eh bien 5 minutes après, dans les vestiaires, elle dit à son coach : “bon, on fait comment pour gagner Wimbledon maintenant ?”. Dans le cas d’une vente d’entreprise, les anglophones appellent ça le “post-exit blues” : un vide existentiel qui amène un grand nombre de founders après une revente à… soit rester en position foetale dans leur lit pendant des mois, soit prendre des décisions hâtives, comme de réinvestir tout leur argent un peu n’importe comment. Même s’il n’y a pas d’étude précise sur le sujet, on lit des chiffres comme 40% des fondateurs/fondatrices qui disent ne pas avoir été assez préparés pour la vie après l’exit.
Et c’est difficile à entendre pour les autres : t’as de la thune, t’as du succès, t’as tout pour être bien, alors franchement, pourquoi t’es pas bien ?
Et c’est marrant, mais quand 1/ fait rare, on aborde le sujet (comme le fondateur de Loom qui a déclaré “Je suis riche et je ne sais pas quoi faire de ma vie” après son exit) 2/ fait encore plus rare, on réfléchit aux causes (par exemple dans cet article sur les reventes de PME), généralement on va chercher… dans ce qui se passe juste avant, pendant ou juste après l’exit, avec des explications comme “le stress du vide”, ou “le deuil”. Il y a même de plus en plus de “clubs” et d’offres payantes qui accompagnent ces founders après leur sortie pour les aider à trouver quoi faire de leur vie (et de leur argent).
Ben nous, on a un truc à vous dire.
Ce truc c’est : le problème, c’est pas le moment de la win. Ni juste avant. Ni juste après.
Le problème, il commence bien plus tôt.
Et ce problème, nous on appelle ça : le War Mode.”
On croyait avoir tout vu : les baby-foot dans l’open space, les Chief Happiness Officers, les séminaires déguisés en paintball. Mais non, le monde du travail a encore des cartouches.
On démissionne en direct sur TikTok, on postule à des “ghost jobs” qui n’existent pas, on sous-traite son ennui à des IA pathétiques, et les DRH ( derniers prêtres de la fiction) font semblant d’y croire.
La vérité, c’est que plus personne n’a envie. Les juniors disparaissent, les managers n’ont plus d’autorité, et les dirigeants s’accrochent à une religion morte : produire pour produire, croître pour croître, faire des powerpoint en boucle jusqu’à la retraite. Tout le monde sait que ça n’a aucun sens, mais le répète quand même, comme une vieille prière récité machinalement dans une église vide.
Parfois, des accidents de trajectoire redonnent l’illusion d’un collectif : 340 recalés qui finissent par s’écrire, un salarié sauvé d’un licenciement par un inconnu dans un train. Des étincelles dérisoires dans une société désagrégée, des gestes minuscules qui paraissent presque héroïques tant le reste est sinistre.
Non, le département Seine Maritime n’est pas devenu à la mode.
La semaine dernière, on vous a demandé ce que vous pensiez de la taxe Zucman : verdict sans appel, 76 % d’entre vous sont pour. Preuve que, même dans un pays où l’impôt est un sport national, on aime toujours en inventer un nouveau. Tant qu’on rêve d’alléger notre fardeau en alourdissant celui des autres, la République tient encore debout. Et ça, c’est un bon point.
Le vrai signe de richesse en 2025, ce n’est plus le manteau Hermès ni les montres suisses hors de prix, c’est dix secondes sans notification. Le silence. Pas celui des bibliothèques ni des retraites yoga hors de prix, mais ce vide dense et presque obscène qui fait flipper nos cerveaux dopés au bruit. Antoine d’Espalungue le traque comme on traquerait une maîtresse impossible : chaque aller-retour, chaque respiration, chaque minute arrachée à Paris pour retrouver ce moment rare où rien ne vibre, ne sonne, ne parle.
Et c’est précisément parce que tout le monde l’évite qu’il devient désirable. Le silence n’est pas absence : c’est l’essence du plaisir, une claque d’honnêteté, un espace où vous vous rendez compte que vous n’avez plus d’excuse, plus d’email à ouvrir, juste vous et le vide.
À hyper vite dans HyperTextes.