🔗 Dupes, Thimothée Chalamet et Administration

Cette semaine, on vous raconte comment l'Administration française administre, on vous parle aussi de Thimothée Chalamet qui commence à agacer tout le monde et des faux parfums qui se consomment en masse. Lisez jusqu’à la fin pour sauver la planète à Noël. À dans cinq minutes ! 👀

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6 min ⋅ 19/12/2025

Sommes-nous dirigés par une administration de l’administration ?

via Michel Gesquière

Le budget 2026 mime l’hésitation entre deux plaisirs très français : taxer plus ou dépenser “mieux”. Pendant ce temps, la vraie stratégie nationale continue sa petite vie : payer l’intermédiaire. Pas le prof, pas l’infirmière, pas le policier, non : la couche logicielle de la République, celle qui “pilote”, “coordonne”, “instruit” et “fiabilise” jusqu’à ce que le réel dépose un ticket et attende son tour.

La facture a la douceur d’un abonnement premium qu’on n’a jamais signé : 205 Md€ pour la machine État/collectivités (hors social, hors opérationnels, hors dette) + 50 Md€ pour administrer l’administratif du social.

Traduction : ~3 000 € par habitant par an, plus ~700 € de frais de dossier, le “service” étant principalement de prouver douze fois qu’on existe déjà.

Et en échange ? Des délais, des doublons, des strates qui se surveillent comme des collégiens en voyage scolaire, et une “numérisation” qui a surtout réussi un exploit : dématérialiser la queue. Avant on patientait debout ; maintenant on rafraîchit la page en position fœtale.

Le remède, lui, a le mauvais goût des idées simples : couper les doublons (agences, tutelles, recouvrements, millefeuille local), puis réécrire les processus en partant du citoyen comme si c’était autre chose qu’un dossier à instruire — plateforme unique façon France.gov, “once-only” (donné une fois, jamais ressaisi), un responsable par démarche, pilotage par coûts et satisfaction et IA utilisée pour éviter de recruter encore une génération de gens dont le métier sera d’expliquer pourquoi le formulaire 7B bloque au champ 12.

La France a su faire les JO et Notre-Dame vite ; elle peut donc, techniquement, réussir un passeport sans rite initiatique. Reste à trouver le plus difficile : l’envie.

Pour comprendre la logique, les chiffres et la méthode (et voir jusqu’où ça peut aller), lisez la newsletter “Garder l’espoir”.

3 choses pour alimenter vos conversations du 24 à savoir cette semaine

1. Mercosur : “gagnant-gagnant” sauf pour ceux qui produisent

Bruxelles s’apprête à parapher l’accord UE-Mercosur, ce dinosaure négocié depuis vingt ans, avec l’enthousiasme des gens qui n’auront pas à expliquer la facture. D’un côté, l’UE rêve de vendre ses voitures, ses machines et ses grands crus. De l’autre, le Mercosur entend remplir nos assiettes de viande, de sucre et de soja “compétitifs” (moins chers, parce que les règles ne sont pas toujours les mêmes.) Les agriculteurs européens, eux, voient arriver une concurrence à prix cassés pendant qu’on leur demande de produire plus vert, plus propre, plus traçable, plus tout… mais surtout moins cher. Le progrès, c’est quand le marché s’ouvre et que les champs se ferment. Le plus drôle (façon de parler), c’est que rien n’est encore ratifié : il faut une majorité qualifiée, puis le Parlement européen. L’Allemagne pousse (autos), l’Espagne applaudit (vin, huile), la France et l’Italie demandent des “clauses miroirs”, Macron jure que “pas en l’état”, Lula pose l’ultimatum : signez vite ou je remballe. Résultat : à Bruxelles, canons à eau, lacrymogènes et jets de pommes de terre. La diplomatie agricole en circuit court.

Pour plus de décryptages qui décryptent, lisez HugoDécrypte tous les jours.

2. Allons-nous être envahis de produits chinois ?

C’est possible, oui. Pas à cause d’une invasion façon débarquement mais plutôt une crue lente. La Chine doit écouler : sa demande intérieure tousse, donc elle pousse l’export et avec des prix quasi gelés depuis 2019 (+2% quand la zone euro fait +26%), elle débarque sur le marché européen avec l’élégance d’un rouleau compresseur en promotion.  Et comme les États-Unis ont remis la barrière façon Trump, une partie des produits chinois cherche un nouveau salon : l’Europe. Signe qui ne trompe pas : sur un an (oct. 2024–oct. 2025), la Chine fait plus d’excédent avec l’UE qu’avec les États-Unis. Le plan B a trouvé son plan A. Du coup, l’UE fait quoi ? Elle “surveille”. Bruxelles a monté une task force et repère déjà 128 produits en mode “détournement” (d’autres études montent à 176). Et la star de la saison, ce n’est même pas l’acier : ce sont les petits colis, l’invasion en format boîte aux lettres. Réponse européenne : taxer le paquet, au moins 3 € par envoi dès le 1er juillet 2026. Pour le reste, on hésite entre “préférence européenne” et “prix bas, merci”, tout en découvrant qu’être ferme avec Pékin quand il tient des leviers stratégiques (terres rares, etc.), c’est un sport qui se pratique surtout en conférence de presse.

Pour tout savoir de l’économie du monde, c’est Blocs qu’il faut lire.

3. La France bosse-t-elle vraiment moins que l’Allemagne ?

Oui à temps complet : 1 664 h/an en France contre 1 785 en Allemagne, soit l’équivalent de trois semaines. La recette est d’une banalité désarmante : un poil moins d’heures par semaine (38,8 vs 39,7) et surtout plus de congés (4,4 semaines vs 2,9). Twist : dès qu’on sort du salariat, la France devient très travailleuse. Les indépendants montent à 2 169 h/an, parmi les plus hauts niveaux en Europe. Et le vrai sujet pour l’État n’est pas de rogner les vacances : c’est le taux d’emploi. La France est à 69% (contre 78% en Allemagne), donc au total, sur les 15-64 ans, elle cumule moins d’heures que la moyenne européenne. Traduction : le débat se jouera sur l’emploi des jeunes et des seniors, pas sur la couleur des RTT.

L’ennemie ne sera jamais la finance grâce à Laurent, de la newsletter Cosmos.

EDF : votre partenaire stratégique dans la transition énergétique.

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Alors que les entreprises cherchent à réduire leur dépendance au gaz et au pétrole, l’électricité s’impose comme une alliée décisive du climat et de la souveraineté énergétique. Avec une énergie abondante, compétitive et bas carbone, le groupe EDF rend possible une transition concrète : électrifier les procédés industriels, la mobilité ou les bâtiments, tout en améliorant la performance des équipements. En accompagnant les dirigeants avec des solutions et expertises dédiées, le groupe EDF démontre que l’électricité n’est pas seulement une alternative aux énergies fossiles : c’est la clé d’une transition énergétique ambitieuse et durable.

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L’analyse de la semaine : Les dupes de parfums vont-ils tuer le luxe ?

par Culture élite

Les dupes ne sont plus un petit péché : c’est devenu une routine. TikTok a pris le parfum, jadis “signature”, et l’a transformé en produit de rotation : un “vestiaire olfactif”. La Gen Z n’achète plus un flacon pour dix ans, elle achète une humeur pour jeudi. Avec le prix d’un parfum de grande maison, on s’offre cinq à dix copies. Et dans une époque où “faire une bonne affaire” est une vertu cardinale, c’est presque du civisme.

Le plus piquant : même des jeunes fortunés achètent du dupe en plus du luxe. Non pas pour tricher, mais parce que le parfum n’a plus le statut d’un sac : il ne dit pas “je suis”, il dit “je change”. Et pour choisir, plus besoin de nez : un créateur de contenus fait un “crash test” et la salle de bain gagne contre la pub millionnaire.

Pourquoi les maisons ne contre-attaquent pas franchement ? Parce que l’odeur est une zone grise juridique : difficile à protéger, facile à imiter sans copier nom, logo ou flacon. Ajoutez l’ingénierie inverse + l’IA : la copie arrive quasi avant la campagne.

La riposte du luxe se fait donc ailleurs : silence, puis “clean”, recharges, traçabilité… et montée en puissance de la niche, plus rare, plus chère, plus “intouchable”. En clair : d’un côté, le parfum en version freemium ; de l’autre, le luxe qui tente de redevenir un club.

Pour comprendre cette tendance, rendez-vous sur Culture Élite, le rendez-vous hebdo du luxe et de la culture !

Bah alors, on n’en aurait pas un peu marre de Thimothée Chalamet ?

Chalamet n’est plus “partout” : il est devenu une condition météorologique. À peine Marty Supreme annoncé (sortie France le 18 février 2026) que la promo s’abat avec la régularité d’un impôt : live Instagram façon rave, tapis rouge orange Chrome Hearts avec Kylie Jenner, fausse réunion marketing qui a l’exacte saveur d’un open space, cette tristesse douce où l’on fait semblant d’exister en “activant une marque”. Et du merch “Marty Supreme” prêt à vivre sa destinée naturelle : quelques jours de gloire, puis une existence de chiffon de ménage.

Le malaise tient dans une phrase d’anthologie : “ma meilleure performance… et ça fait sept ou huit ans que je fais des performances très solides.” C’est beau, cette foi. On dirait un sportif de haut niveau, sauf que l’effort se mesure en interviews. Et là, le texte a une hypothèse plus corrosive : Chalamet jouerait aussi dans ses interviews, coincé volontairement dans son personnage, rictus de “je vais rire”, ego calibré, storytelling chirurgical. On s’énerve, on relaye, on débat : l’industrie appelle ça de l’engagement. Le public appelle ça une journée normale sur internet.

Reste la question impolie, mais nécessaire : à part Call Me By Your Name, il a livré quoi d’indiscutable ? Peut-être que Marty Supreme justifiera enfin l’Empire. Ou peut-être qu’on assiste simplement à ce moment contemporain où un acteur devient une marque, et où la marque, comme souvent, finit par remplacer l’humain.


Pour tout comprendre : restez kawainé et cute grâce à “Toujours kawainé, toujours cute

Soutenez le réalisateur le plus maudit de l'histoire du cinéma !

Alexandre Trannoy. Le nom de ce réalisateur ne vous dit rien ? C’est normal : malgré 30 ans de projets, et de tournages avec Jean Rochefort, Jean-Paul Belmondo ou Marcello Mastroianni, Trannoy n’a jamais réussi à terminer le moindre film… Notre ami Vladimir Rodionov, le directeur artistique de nos conférences Radar, a enquêté pendant plus de 15 ans sur ce Don Quichotte de cinéma. Avec Avril Tembouret, ils ont réalisé L'OEUVRE INVISIBLE, une enquête haletante et poignante sur un rêveur sublime. Au générique : Jean Rochefort, Anouk Aimée, Claude Lelouch, Jacques Perrin, Edouard Baer...

Après avoir fait le tour des grands festivals européens, les réalisateurs ont décidé de sortir leur film dans les salles de cinéma le 8 avril prochain. Pour financer cette sortie faite en toute indépendance, ils lancent un appel aux dons. Si vous aimez les belles histoires de cinéma, soutenez cette aventure unique : https://www.proarti.fr/collect/project/loeuvre-invisible/0

66% de votre don est défiscalisable. La collecte se termine d'ici fin décembre.


La recommandation qu’il vous fallait : un Noël moins gras… en culpabilité ?

Noël, ce moment où l’on surconsomme avec une sincérité désarmante, puis où l’on s’étonne, le 26, que la poubelle déborde et que le frigo ressemble à un cimetière de verrines. Ici, ce qui est proposé est presque subversif : faire la fête sans transformer la planète en emballage cadeau. Produits de saison (oui, en décembre, la tomate est un choix de vie), menu plus végétal sans punition (le risotto aux cèpes fait très bien semblant d’être riche), quantités moins “banquet médiéval” (sinon on congèle par culpabilité), déco réutilisable plutôt que jetable, l’élégance, c’est aussi de ne pas jeter des paillettes pendant trois semaines.

Et pour ceux qui cherchent encore un cadeau à 18h le 24 (la sueur, le regard vide) : des idées de dernière minute qui font “attentionné” au lieu de “j’ai paniqué”. Une escapade au vert, une carte cadeau éthique, un atelier artisanal, bref, des cadeaux qui évitent le mug “Meilleure belle-sœur” acheté en apnée.

Si vous voulez sauver Noël sans sauver le monde (c’est déjà bien), ne cliquez surtout pas ici.

À l’année prochaine mais hyper vite dans HyperTextes.

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Par Kessel -

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