Cette semaine, on vous raconte comment le monde va devenir manager d'IA, que votre taxi n'existera plus en tant que personne et comment on risque de plonger dans une crise financière. Lisez néanmoins jusqu’à la fin pour vous consoler avec un jambon-beurre à 14€. À dans cinq minutes ! 👀
via Matthieu Balu et Grégory Rozières
Bonne nouvelle : l’intelligence artificielle écrit déjà le code mieux, plus vite et moins cher que vous. C’est ce qu’affirme Dario Amodei, patron d’Anthropic, qui explique très sérieusement que Claude (son IA) écrit 95 % du code… de Claude. Traduction : la machine bosse pour créer la machine. L’humain ? Il surveille. Les développeurs ne seraient donc plus des développeurs, mais des nounous de logiciel, chargées de calmer le modèle quand il part en freestyle (ça arrive paraît-il).
Petit détail gênant : dans la vraie vie, cette promesse industrielle s’effondre un peu. Une étude du METR a chronométré des développeurs confirmés (peut-être pas vous donc) : ceux boostés à l’IA ont mis 20 % plus de temps que ceux qui tapaient leur code à la main. Pourquoi ? Parce que corriger les hallucinations de l’IA prend plus longtemps que d’écrire la fonction soi-même. Tiens-donc.
Autrement dit, on a inventé l’assistant qui ralentit. Le résultat est digne de Kafka : les juniors disparaissent du marché (bah oui “l’IA fera le basique”), les seniors passent leurs journées à débugger le travail d’une machine qui jure qu’elle a raison et tout le monde appelle ça “productivité”.
Motif d’espoir, on n’a pas encore remplacé l’humain. On l’a juste rétrogradé chef de projet éternel d’un stagiaire immortel et surexcité.
1. Vous reprendrez bien un peu de crise financière ?
Souvenez-vous de 2008 : les subprimes, les traders en sueur et Lehman Brothers qui s’effondre. Et si, seize ans plus tard, on rebootait la franchise de la crise financière, le même scénario mais avec nouveaux acteurs. Cette fois, ce sont les CLOs — des paquets de dettes d’entreprises déjà surendettées — qu’on revend comme des placements “sans risque”. Tant que tout le monde rembourse, tout va bien. Mais il arrive bien entendu un moment où les premières défaillances montrent le bout de leur nez. Ici, ça peut-être First Brands, par exemple, qui fait faillite et transforme les milliards investis par Blackstone ou Franklin Templeton en confettis. Aux États-Unis, 20% des entreprises cotées sont devenues des "zombies" qui survivent artificiellement. Autre point rassurant : les grandes banques comme BNP Paribas, Société Générale, JPMorgan, Citi détiennent des milliards en CLOs. Résultat : la BCE tire la sonnette d'alarme. Bref, c’est l’histoire de la finance qui a juré que ça n’arriverait plus. Et comme souvent, la finance a juré trop vite.
2. Le permis de conduire bientôt obsolète ?
Vous pensiez que les Anglais avaient déjà tout tenté sur la route avec la conduite à gauche, la pluie horizontale, les rond-points à huit sorties ? Raté. Waymo, la filiale de Google, vient ajouter une touche de science-fiction avec la voiture sans conducteur. Pour l’instant, elle se contente de “cartographier les rues”, autrement dit d’apprendre à slalomer entre les bus rouges et les piétons en trench-coat. Mais d’ici 2027, Londres pourrait accueillir ses premiers robots-taxis. Aux États-Unis, ces voitures font déjà 250 000 trajets par semaine avec “cinq fois moins d’accidents” que les humains, un argument qui passe mieux quand on oublie les 440 incidents du premier semestre. En clair : c’est plus sûr, absolument, mais ça reste un crash de temps en temps, sans main sur le volant pour dire pardon et pour résumer, la première circulation où personne ne sera responsable. Rassurez-vous, chez nous, on cherche encore qui doit payer l’assurance d’un trottinettiste distrait. Respirez donc.
3. La science tranche sur le Télétravail (les managers en sueur)
Quatre ans après le Covid, la science a parlé : le télétravail nous rend bel et bien plus heureux. On dort plus (+30 minutes par nuit), on mange mieux (moins de sandwichs, plus de carottes râpées), on stresse moins, on est plus concentrés… Bref : plus efficaces… du moment que c’est choisi, pas imposé.Les chercheurs notent aussi que les salariés gagnent 4h30 de trajet par semaine, soit dix jours par an à ne pas passer dans un RER qui sent la pluie et le désespoir. Et contrairement à ce que pensent certains managers restés bloqués à l’époque du fax, les télétravailleurs ne passent pas leurs journées à bouger leur souris avec un orteil. Reste un détail à régler : comment créer une “culture d’entreprise” quand tout le monde travaille depuis son canapé. Mais bon, si le bonheur au travail tient dans un jogging et une bonne connexion Wi-Fi, on a peut-être enfin trouvé un début de réforme qui marche.
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On passe nos vies à chercher des vertus clinquantes : la vision, le leadership, le courage — ces mots qui brillent sur les slides PowerPoint et s’évaporent dans les open spaces. Mais la vérité, c’est que la seule qualité qui tienne dans la durée, c’est la lucidité. Pas très sexy, on vous l’accorde. On ne fait pas de TED Talk sur le fait d’avoir enfin compris que tout fout le camp lentement, méthodiquement, et que c’est parfois très bien comme ça.
La lucidité, c’est quand le dirigeant cesse de jouer à Dieu et se rappelle qu’il est juste un mammifère stressé devant un tableau Excel. C’est l’instant où le vernis du storytelling craque, où les certitudes fondent comme un fond de tarte mal cuit, et où il faut bien admettre que “croire en sa boîte” ne suffit plus à payer les salaires.
Ce n’est pas une vertu héroïque, c’est une forme d’élégance : celle de regarder la réalité sans maquillage, même quand elle a mauvaise mine. Être lucide, c’est savoir qu’on va se planter, mais avec style. C’est continuer à avancer, non pas parce qu’on espère un miracle, mais parce qu’on refuse de se raconter des histoires.
Dans un monde qui confond toujours le bruit avec la puissance, la lucidité a quelque chose d’archaïque, presque romantique. Elle ne sauve pas les empires, elle sauve les âmes. Et si le vrai courage, aujourd’hui, c’était simplement ça : ne pas s’inventer de destin, et apprendre à vivre lucidement, sans effets spéciaux.
par Grégory Pouy
“Je ne sais pas le nombre de fois où je ne me suis pas senti à ma place, ou que ce qui m’arrivait me semblait en total décalage avec l’image que j’ai de moi-même. Que ce soit dans une rencontre, dans une conférence ou autre. J’ai toujours tendance à minimiser ce que je fais. Vous la connaissez-vous aussi cette petite voix ?”
Celle qui surgit quand vous recevez des félicitations ("Ils sont juste polis"). Celle qui transforme chaque succès en coup de chance ("J'étais au bon endroit au bon moment"). Celle qui vous pousse à travailler jusqu'à l'épuisement pour "compenser" ce que vous n'êtes soi-disant pas.
De mon coté, même s’il m’handicape, d’une certaine manière j’aime bien mon « complexe de l’imposteur ».
Pas vous ?
D’ailleurs, cette voix n’est peut-être pas le reflet de votre incompétence, mais la preuve de votre intelligence ?
Mais une question plus problématique m’est venue également : et si ce doute qui vous ronge n'était pas un bug personnel, mais une fonctionnalité du système conçue pour vous maintenir à votre place ?
Aujourd'hui, je vais vous parler du phénomène de l'imposteur. Mais pas de la façon dont on vous en parle habituellement.
Pas avec cette condescendance bienveillante du "allez, ayez confiance en vous, vous êtes formidable !" qui ne résout rien.
Non, on va creuser profond. On va regarder d'où vient vraiment ce sentiment.
On va essayer de comprendre pourquoi les personnes les plus compétentes sont souvent celles qui doutent le plus.
On va démanteler les mécanismes sociaux qui entretiennent ce doute. Et surtout, on va voir comment s'en libérer – vraiment.
Commençons par tordre le cou à une idée reçue tenace : non, le "syndrome de l'imposteur" n'existe pas.
Oui, vous avez bien lu. Ce truc dont tout le monde parle, qui fait l'objet de milliers d'articles et de conférences TEDx, n'est pas un syndrome. Ce n'est pas une maladie. Ce n'est même pas un trouble psychologique.
C'est un phénomène. Et cette distinction n'est pas juste de la sémantique – elle change tout.
En 1978, les psychologues Pauline Rose Clance et Suzanne Imes publient une étude révolutionnaire. Elles ont observé cliniquement des femmes ayant connu de grandes réussites professionnelles et académiques. Ces femmes, malgré leurs accomplissements objectifs et mesurables, persistaient à croire qu'elles avaient trompé leur entourage et qu'elles ne méritaient pas leur position.
D’abord je trouve intéressant que cela ait été défini sur des femmes en 1er lieu car il est vrai qu’elles en souffrent plus que les hommes pour des raisons évidentes d’un patriarcat massif.
Clance et Imes ont appelé ça le "Phénomène de l'Imposteur" – jamais le syndrome de l'imposteur.
Un syndrome suggère une pathologie constante, quelque chose de cassé en vous qu'il faudrait réparer. Le phénomène, lui, désigne une expérience psychologique de fraude intellectuelle ou professionnelle perçue.
C'est une barrière temporaire à l'expression de votre véritable potentiel. Pas une tare permanente.
Et devinez quoi ? Entre 60% et 70% de la population mondiale expérimente ce phénomène au moins une fois dans sa vie. Vous n'êtes donc pas seul. Loin de là.
Mais alors, si c'est si répandu, pourquoi persiste-t-on à le traiter comme un problème individuel qu'il faudrait "guérir" ? Pourquoi cette insistance à nous faire croire que c'est notre faute si nous doutons ?”
Carrie Solomon, cheffe américaine installée à Paris, a eu une idée simple et brillante : faire du jambon-beurre un poème. Pas un sandwich, attention, un jambon-beurre Borniambuc, gribiche-relish pickles — soit un haïku gastronomique à 14 €.
C’est gras, acide, un peu absurde, et totalement irrésistible. On le monte soi-même, comme un devoir d’art plastique en pleine pause dej’. Et ça marche : c’est Paris dans une assiette. Snob, délicieux, un peu trop cher, mais qu’est-ce que c’est bon d’y croire.
Pour un bon en avant, c’est sur Konbini qu’il faut se rendre.
À hyper vite dans HyperTextes.